A mêmes causes, mêmes effets. Les explications et les polémiques suscitées par la nouvelle flambée pétrolière ressemblent comme deux gouttes d'eau à celle entendues l'été dernier du déséquilibre entre la demande et l'offre à l'opportunité de réduire la Tipp en période de cherté tout en taxant les superprofits, de l'opacité des marchés pétroliers au besoin urgent de se désintoxiquer de notre addiction aux hydrocarbures. Pourtant, quelque chose a changé.
D'abord, il est beaucoup plus difficile, un an plus tard, d'écouter les Cassandre pétrolières avec la même oreille. Pour le moment, la cherté des hydrocarbures ne s'est traduite par aucune des catastrophes annoncées. Ce n'est peut-être que partie remise, mais, pour l'heure, le monde entier profite de la croissance les retardataires, comme la zone euro, ne s'en sortent pas trop mal, et même les pays non pétroliers du tiers-monde en reçoivent, sauf exception, un bénéfice indirect. Et le fléau de l'inflation n'a pas montré son nez. A la question posée il y a douze mois , «comment vivre avec un pétrole à 50 dollars le baril ?» pourra-t-on répondre longtemps, malgré Ahmadinejad, «aussi bien qu'avec un baril à 70 dollars» ?
Cette euphorie se sait précaire. Désormais, même George Bush, pourtant un représentant des intérêts pétroliers indifférent aux paramètres écologiques de la question, explique à ses concitoyens qu'il faut «sortir du pétrole», et vite si possible. Il ne va certes pas jusqu'à joindre le geste fiscal un relèvement des taxes américaines sur l'essence à ses bonnes paroles. En France, on relève la même brillante inaction : Breton propose de réitérer sa «table ronde» avec les compagnies pétrolières, qui n'a à peu près rien donné l'an dernier, tout en se défaussant sur le G7, dont les décisions qu'il peut prendre sur le prix du pétrole relèvent, au mieux, de l'art agréable du cosmétique. Après le baril à 70 dollars, le baril à 90 dollars, et après nous le déluge ?
Par Gérard DUPUY jeudi 20 avril 2006
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