La mairie de Paris veut supprimer 400 panneaux d'affichage
La mairie de Paris a fait un premier choix. Elle a sélectionné trois
candidats pour son contrat de mobilier urbain, remis en jeu en janvier
et qui doit être attribué d'ici à l'automne. L'actuel détenteur de ce
marché, le français JCDecaux, devra batailler ferme contre deux de ses
principaux concurrents, les américains Clear Channel et Viacom.
La municipalité dirigée par Bertrand Delanoë (PS) avait créé la surprise
fin janvier en résiliant la convention conclue depuis 1976 avec Somupi,
détenue à 66 % par JCDecaux et 33 % par Publicis, renouvelée jusqu'alors
par avenants successifs et dont l'échéance était fixée en décembre 2010.
Les sociétés intéressées avaient jusqu'au lundi 10 avril pour faire acte
de candidature. La ville de Paris a reçu six dossiers. Après
instruction, elle en a retenu trois. Les entreprises éliminées -
Boulevard SA, Tiscep 13 Industrie et Moncassin SA - se sont révélées
incapables, selon la mairie, de répondre à la totalité de l'appel
d'offres. Le programme fonctionnel, envoyé par la mairie, vendredi 14
avril, aux trois candidats retenus, stipule, dès la première phase du
contrat, en 2007, la fourniture de 3 000 vélos en libre-service.
Surtout, l'appel d'offres fixe un seuil maximum du nombre de panneaux
d'affichage dans les rues de la capitale. Il doit être inférieur de 20 %
aux 2 000 en place actuellement. Soit 400 panneaux à supprimer. En
échange, probablement, de transformation d'autres en panneaux
déroulants, pour maintenir la surface publicitaire globale.
Face à JCDecaux, qui bénéficie, outre son ancienneté à Paris, de son
expérience de la gestion de 2 000 vélos à Lyon, Clear Channel a choisi
de s'allier avec EDF, France Télécom et Vinci Park, principal
gestionnaire des parkings parisiens. Ces trois entreprises françaises,
issues du secteur public ou gestionnaires de concession de service
public, permettent de crédibiliser la candidature du groupe américain..
Clear Channel est déjà associé à Vinci Park, dont elle gère les espaces
publicitaires dans ses parkings. L'afficheur compte s'appuyer sur Vinci
pour développer le plan vélos souhaité par la mairie de Paris.
"DIALOGUE COMPÉTITIF"
L'alliance avec France Télécom permettrait le développement de
l'affichage interactif. Les sociétés de mobilier urbain s'orientent de
plus en plus vers des équipements capables de dialoguer avec les
téléphones mobiles des passants que ce soit pour diffuser des messages
publicitaires ou de l'information municipale. L'apport d'EDF, hormis sa
connaissance de l'espace public parisien, reste à définir.
De son côté, Viacom, qui souhaitait participer à cet appel d'offres
majeur dans la capitale française, alors qu'il n'est quasiment pas
présent sur le marché du mobilier urbain en France, a choisi de faire
alliance avec la société espagnole Cemusa.
Cette entreprise, qui n'est pas présente en France, est une filiale d'un
grand groupe de BTP espagnol, Fomento Construcciones y Contratas (FCC).
Elle s'est développée dans la péninsule ibérique et en Amérique du Sud.
Mais son coup d'éclat est d'avoir remporté en 2005 face à JCDecaux, le
"contrat du siècle", celui du mobilier urbain de la ville de New York,
estimé à 1 milliard de dollars (800 millions d'euros) sur vingt ans.
A partir de la mi-mai, la procédure de "dialogue compétitif" va
s'instaurer entre les services de la mairie et les postulants. Elle
devra déboucher sur l'élaboration d'un cahier des charges, fin juillet.
Chacun devra alors déposer sa réponse et le choix définitif devrait se
faire à l'automne. L'enjeu est d'importance pour les trois sociétés et
en particulier pour JCDecaux, qui est aussi l'opérateur du mobilier
urbain de Lyon et va devoir défendre sa concession à Marseille. Paris
demeure la pièce maîtresse dans un réseau national d'affichage.
Laurence Girard
Article paru dans l'édition du 20.04.06
LE MONDE | 19.04.06 | 16h14 • Mis à jour le 19.04.06 | 16h14
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