Professionnel-les du cinéma, habitué-es ou spectateur-rices occasionnel-les des projections en plein air l’été au Parc de la Villette, nous sommes indigné-es par la récente décision du Parc de rendre désormais celles-ci payantes, au tarif de 2 euros chacune.
La direction du Parc argue du droit de regard que pourrait exercer le Centre National de la Cinématographie (CNC) sur la durée et la programmation de cet événement, suite à une directive de cet organisme du 21 mai 2007. Déjà, on peut se demander pourquoi cela n’a pas eu d’effet sur l’édition 2007 du cinéma en plein air. Et le risque paraît d’autant moins avéré que cette directive est restée sans conséquence sur les autres manifestations du même type (projections gratuites et en plein air) organisées par la Mairie de Paris (Cinéma au clair de lune et Paris, quartier d’été). Mais surtout, cette décision porte un coup à la vocation populaire, dès l’origine, à l’image de son environnement géographique, du Parc de la Villette. Le Parc est un établissement public. Que sa directrice puisse expliquer dans l’édition du Parisien du samedi 21 juin 2008 « En faisant payer, nous sommes plus libres » manifeste une conception pour le moins incompréhensible de sa mission de favoriser l’accès du plus grand nombre à la culture. Et ce ne sont pas les quelques aménagements tarifaires prévus qui empêcheront ceux et celles qui ne pourront pas se permettre une telle dépense de baisser les bras !
Nombre d’habitant-es du 19e arrondissement et des alentours ne peuvent pas partir en vacances, ou n’ont pas accès à la culture en-dehors de la gratuité. Le Parc de la Villette pouvait jusque-là s’enorgueillir de ne pas sélectionner ses publics selon leurs pouvoirs d’achat, à travers cette manifestation comme à travers d’autres. Doit-on s’attendre à d’autres mauvaises surprises ? L’accès au Parc lui-même deviendra-t-il payant, pour ne pas fausser la concurrence avec le parc des Buttes-Chaumont, qui ne bénéficie pas de la présence d’établissements culturels comme à la Villette ?
Pour nous la culture n'est pas une marchandise et il est nécessaire de maintenir mais aussi de multiplier les spectacles gratuits en plein air. La culture, c'est comme le service public, ça a un coût mais ça n'a pas de prix. C'est parce qu'il y a des services publics de l'éducation, de la santé et de la culture que l'accès à l’éducation, à la santé et à la culture est une réalité pour des millions de personnes qui sinon n'en verraient pas la couleur. Céder à la pression des marchand-es de la culture ou rendre la culture accessible sans discrimination et sans sélection par l'argent, il faut choisir.
Nous voulons que les projections du cinéma en plein air gardent leur aspect convivial, spontané, populaire qui les rend si attachantes. Ce n’est pas aux spectateur-rices de payer deux fois leurs places, avec leurs impôts et en s’acquittant d’un droit d’entrée de 2 euros. L’État, les collectivités locales, le CNC et le Parc de la Villette doivent s’entendre.
Le cinéma en plein air à la Villette doit rester gratuit pour tou-tes !
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