Le silence de plomb de la MAP
Le procès du jeune ingénieur marocain incarcéré pour avoir créé un profil de célébrité sur Facebook est très attendu en début d'après-midi de ce Vendredi 15 février. Car depuis une semaine, tout le monde au Maroc ne parle que de ça. L'énorme mouvement de solidarité sur Internet a été très bénéfique au jeune homme, tandis que les journaux et les hebdomadaires qui en ont fait leur une ne se comptent plus. Le dernier en date, le Reporter, prenant fait et cause pour Fouad Mourtada, illustre sa couverture par une des fausses pages du Roi du Maroc sur le site social en titrant : « le Roi lui-même est sur Facebook ».
Pourtant, l'agence officielle MAP, pour Maghreb Arab Press, continue de ne rien dire. C'est elle qui le premier jour avait relayé et diffusé, sans précaution aucune, la version de la police marocaine sur l'usurpation d'identité, elle, qui avait donné le nom du jeune homme et associé le terme de « pratiques crapuleuses » à la création du profil incriminé, elle qui est aujourd'hui pointée du doigt pour avoir, comme à son habitude disent certains, bafoué la présomption d'innocence et initié le lynchage médiatique dont il a été victime au démarrage de l'affaire.
L'agence MAP, qui annonçait dans ce même communiqué être le seul organe habilité à diffuser de l'information sur la famille royale marocaine sur le Web, semble donc attendre avec beaucoup de prudence la suite des événements avant de prendre à nouveau position. Entre temps, et comme pour se faire oublier, elle a retiré, dès le mardi 12 février, toute trace du nom de Fouad Mourtada de son site.
Espérons que la justice marocaine, elle aussi revienne en arrière et rende sa liberté au jeune ingénieur dès ce vendredi. Elle laisserait ainsi la police marocaine, accusée par ailleurs d'actes de torture sur le jeune homme, assumer pleinement sa responsabilité dans cette scandaleuse affaire.
Alain Germain
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