Au Centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot, Monsieur Badikadila était en grève de la faim depuis dix jours. Samedi matin, il est transféré à l’aéroport de Roissy : son expulsion pour Kinshasa est imminente.
Dans le hall de l’aéroport un groupe RESF distribue une information
aux passagers sur la situation de ce père de 5 enfants scolarisés en
France.
Les réactions sont multiples : surprise, inquiétude, malaise
? Un passager s’indigne ; il a déjà vécu cette situation en avion avec
ses jeunes enfants et a été témoin de brutalité policière. D’autres
expriment aussi leur incompréhension et leur révolte devant des
pratiques contraires au respect des droits de l’homme. Une passagère
communique son numéro de portable et va nous tenir informés.
L’embarquement terminé, elle nous avertit que le bus de transfert a
été bloqué, que les passagers se sont vus remettre par la police un
tract de mise en garde sur les peines encourues en cas de protestation.
Dans
l’avion, alors que Monsieur Badikadila hurle et proteste, une partie
des passagers reste debout en signe de solidarité. Une passagère
demande à parler au commandant de bord et à Monsieur Badikadila . Le
commandant de bord hésite. Il signifie alors aux protestataires qu’ils
n’ont qu’à débarquer s’ils ne sont pas d’accord !
Au sol, un couple d’usagers se rend au guichet d’Air France, demande
à rencontrer un responsable pour exprimer son indignation à la
compagnie. Comment peut-elle accepter de transporter des passagers sous
la contrainte et placer ses clients dans une situation d’otages ?
Devant le refus du responsable de venir lui parler, l’homme déchire sa
carte d’abonné devant les hôtesses ébahies et exige, sans succès, le
cahier de réclamations.
Après une heure d’attente, nous apprendrons que l’avion a fini par décoller.
Terrible
début d’année pour ce père de famille et ses enfants, broyés par une
politique aveugle du chiffre que mène le duo Sarkozy-Hortefeux.
M. Badikadila était en France depuis onze ans, il travaillait comme
aide-soignant à l’hôpital (emploi faisant partie des secteurs définis
par le ministère comme critère de régularisation), il avait un
logement, mais tout cela n’a aucune valeur à côté du petit «un de
plus», dans les résultats que pourra arborer le gouvernement en gage de
son efficacité.
Cette politique acharnée de reconduite à la frontière restera comme une marque honteuse de ces années 2000 !!!
Restons
informés ! Dénonçons ! Résistons, face aux pressions multiples et à la
banalisation insidieuse de tragédies humaines qui se succèdent !
Anne Dréau, Marianne Gribenski, Nicole Lelièvre, membres du collectif de Melun (RESF 77 )
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