Les créationnistes se rebiffent. Lassée de voir Wikipédia, l’encyclopédie libre et collaborative, préférer Darwin à la Bible, la droite dure américaine a créé Conservapédia, son propre wiki. Le site, qui réutilise le logiciel créé par Wikipédia, compte pour l’instant 3 800 pages (contre 1,67 millions pour la version anglophone de Wikipédia). Conservapédia se vante de mieux vérifier ses articles et de ne pas sombrer dans le même biais que Wikipédia. La bonne blague...
Dans Conservapédia, les Kangourous sont très sérieusement décrits comme provenant de l’Arche de Noë et l’avortement est principalement un vecteur du cancer du sein. Les références à la Bible (et particulièrement à la Genèse) sont présentes dans de nombreux articles. Et certains articles, comme celui sur le droit des Américains à porter des armes, ressemblent davantage à des manifestes qu’à des extraits encyclopédiques. Sur des sujets comme le Da Vinci Code ou le réchauffement climatique, on atteint sans surprise le grand n’importe quoi.
Pour expliquer son point de vue au grand public, Conservapédia a créé une page listant la plupart de ses critiques de Wikipédia. On y lit en vrac que Wikipédia est trop « de gauche », anti-Américain ou encore que l’orthographe britannique y est favorisée face à l’orthographe américaine. En bref, Conservapédia reproche à Wikipédia de ne pas considérer les Etats-Unis comme le centre du monde. Une honte pour les nationalistes de Conservapédia, qui s’outrent de peu. Ce qui fait sourire les internautes du monde entier.
Ce projet a été créé en novembre 2006 par Andrew Schlafly, avocat et écrivain Républicain, fils de la militante anti-féministe Phyllis Schlafly. A l’origine, il s’agissait d’un cours d’Histoire du monde (pro-Américain et pro-Chrétien) pour 58 lycéens. Ce qui a dérivé en concurrent autoproclamé de Wikipédia lorsque Schlafly s’est aperçu que ses contributions créationnistes restaient moins d’une minute en ligne dans l’encyclopédie libre. Pour autant, le co-fondateur de Wikipédia Jimmy Wales, cité par le New Scientist, ne voit pas d’inconvénient au fait que Conservapédia réutilise le logiciel de Wikipédia. « Nous approuvons l’utilisation de notre travail pour créer des variantes de Wikipédia, explique Wales. C’est dans la droite ligne de notre mission. » Et Wikipédia de créer sa propre page listant les erreurs les plus grossières de Conservapédia.
Sébastien Delahaye
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