PCF/93
LETTRE OUVERTE
A MONSIEUR SARKOZY, MINISTRE DE L’INTERIEUR
Pantin, le 17 août 2006
Monsieur le Ministre,
Arrêtez de terroriser les français avec l’immigration. L’insupportable
est atteint, notamment depuis votre prestation télévisée de mardi soir, 15
août.
Vous courez de média en média pour terroriser les français, en leur expliquant que les 24.000 familles de sans papiers que vous voulez expulser sont responsables de tous les malheurs de notre pays. A croire que vous êtes à la tête du Ministère de la Peur !
Selon vous, ces familles seraient l’avant-garde d’une horde d’étrangers, prête à envahir notre douce France.
Que l’Espagne, le Portugal, l’Allemagne, l’Italie aient ou s’apprêtent à régulariser la totalité de leurs sans papiers, n’ébranlent pas vos convictions, à vous suivre, ces nations seraient gouvernées par des irresponsables et des démagogues, corrompus par l’argent des étrangers.
Peu vous importe, aussi, que les Hôpitaux de France ne puissent fonctionner sans la contribution des médecins étrangers. Vous, vous pouvez vous faire soigner à l’Hôpital américain de Neuilly.
Pire, les 24.000 familles de sans papiers seraient, d’après vous, les principales responsables des émeutes de novembre 2005. Car chacun sait, que ces étrangers et leurs enfants ont choisi de s’installer en France afin de brûler des voitures, des bus et des équipements publics,…
D’ailleurs, si ces étrangers avaient réellement maîtrisé le français, ils auraient compris que « racailles » et « nettoyer au karcher » étaient des mots d’amour et de paix.
Mais soyons sérieux Monsieur
Sarkozy. Vous prétendez vouloir le débat et bien débattons !
Parlons de l’insécurité et de votre police, puisque c’est votre sujet préféré.
En Seine-Saint-Denis, votre police est bien malade. Elle est incapable d’assurer au quotidien la quiétude des séquano-dionysiens. Elle n’est jamais là, lorsqu’on l’appelle. La BAC persécute ostensiblement le « jeune du 9-3 », en particulier s’il est un peu « bronzé ». Elle prend les plaintes des citoyens quand cela lui chante. Et que dire du commissariat de Saint-Denis qui, du proxénétisme aux trafics en tout genre, était devenu une académie de cette économie souterraine que vous prétendez combattre.
A contrario de votre politique, les communistes de Seine-Saint-Denis proposent de dissoudre la BAC, et d’investir dans une police et une justice de proximité au service de toute la population, dans le cadre d’une politique de prévention cohérente impliquant tous les acteurs concernés (services de l’Etat, associations, collectivités locales, éducation nationale).
Les drames qui ont secoué
notre département en novembre dernier ne doivent rien aux familles de sans papiers,
ni à leurs enfants, ni à la fatalité. Ils ont une seule cause : l’insécurité
sociale qui ronge notre département depuis trente ans.
Monsieur Sarkozy, la Seine-Saint-Denis n’est pas malade de l’immigration. Elle est malade de 30 ans de désindustrialisation sauvage, de 30 ans de destruction d’emplois, de 30 ans de non financement du logement social, de 30 ans de chômage de masse, de 30 ans de discrimination et de stigmatisation de sa population, de 30 ans de démantèlement des services publics de proximité, de 30 ans de sous investissement en infrastructure de transports. Cela fait effectivement 30 ans que vous et vos amis politiques massacrent ce département.
Vous et vos amis de droite, vous avez annulé l’exposition universelle 2004 qui devait se tenir au Bourget, vous avez décidé de geler les projets d’extension des lignes de métro et de tramway, et par votre pseudo décentralisation vous asphyxiez les finances du Conseil Général et des communes.
Ce département vous gêne car il est jeune, rebelle, cosmopolite, solidaire. Vous voulez le transformer en un gigantesque ghetto, en un centre de relégation, surveillé par moult escadrons de CRS, tout en assurant par le fait du prince, la promotion sociale de quelques individualités sous le label anti-républicain de « discrimination positive ». Vous tentez d’identifier l’ « autre », pour mieux ligoter toute une population. Aujourd’hui vous attaquez les sans papiers, demain les sans emploi, après demain les sans diplôme… personne n’est à l’abri de votre volonté de mater un peuple qui aspire à autre chose, à une autre vie, à un autre monde.
C’est pourquoi, les
communistes du département revendiquent égalité et fraternité pour tous. Ce
n’est pas d’escadrons de CRS dont la Seine-Saint-Denis a besoin, mais de respect,
d’emplois, de logements, de services publics de qualité, et de la
régularisation de toutes les familles de sans papiers car elles contribuent,
comme le reste de la population, à la richesse et au dynamisme du 93.
Monsieur le Ministre, nous
adressons à tous ceux que vous méprisez et pourchassez l’expression de notre
disposition à vous combattre et à faire obstacle à la politique que vous
prônez. A tous ceux-là et à tous les habitants du département, nous apportons
salut, fraternité et dignité.
Les
communistes de la Seine-Saint-Denis.
Fédération de la Seine Saint Denis
14,
rue Victor Hugo
93500
Pantin
Tél :
01.48.39.93.93
Fax:
08.73.04.27.47
[email protected]
Commentaires