"le Monde", 18 décembre 2005
Bientôt, des millions de réfugiés chassés par l'océan
Au mois d'août, la centaine d'habitants de Lateu, dans l'archipel de Vanuatu, en Océanie, sont entrés bien involontairement dans l'histoire. Leur village, situé au bord du Pacifique sur l'îlot de Tégua, est le premier au monde à avoir été déplacé en raison du réchauffement climatique et de la montée des océans.
Les racines des cocotiers baignaient dans l'eau, les cyclones et les grandes marées s'enchaînaient à une cadence inouïe, la modeste barrière de corail de 1 mètre, dernière ligne de défense contre les flots, s'était érodée, les moustiques porteurs de diverses maladies prospéraient en raison des points d'eau stagnante... Il a donc fallu partir à quelques centaines de mètres à l'intérieur de l'île. Lateu fait aujourd'hui figure de symbole.
Son cas a été évoqué, mardi 6 décembre, à la conférence de Montréal sur le changement climatique.
Aujourd'hui Vanuatu. Demain les îles Tuvalu. Ce sera le premier Etat à disparaître à cause du climat puisque l'altitude moyenne de cet archipel ne dépasse pas 2 mètres. En 2001, le pays a conclu un accord pour que les quelque 11 000 Tuvaluans soient progressivement accueillis par la Nouvelle-Zélande. Après-demain, ce sera le tour du Bangladesh, dont une bonne partie du territoire se situe sous le niveau de la mer et qui est, déjà, fréquemment frappé par des inondations catastrophiques. Selon le rapport 2001 du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), si les océans montaient de 1 mètre, ce qui arrivera probablement au siècle prochain, 30 000 km2 du Bangladesh disparaîtraient sous les eaux, soit 20 % du territoire. Actuellement, dans cette immense
zone "inondable", vivent 15 millions de personnes... Où iront-elles ?
Le phénomène des "éco-réfugiés", aussi appelés réfugiés de l'environnement, commence seulement à être bien identifié, même si le terme apparaît dès 1985 dans un rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement.
"A l'époque, la définition des réfugiés de l'environnement était extrêmement large, rappelle Véronique Lassailly-Jacob, professeur de géographie à l'université de Poitiers et chercheuse spécialisée dans les migrations forcées au laboratoire Migrinter. Elle incluait toutes les populations obligées de quitter leur lieu de résidence en raison d'une rupture environnementale comme les tremblements de terre, les catastrophes industrielles. Désormais, on s'oriente vers une définition plus restreinte liée au changement climatique."
A l'heure actuelle, les principales causes des migrations environnementales sont la sécheresse et la désertification notamment dans l'Afrique subsaharienne , ainsi que les inondations. Mais "il existe des craintes fondées pour que le nombre de personnes fuyant des conditions environnementales insoutenables augmente de manière exponentielle au moment où le monde subit les effets du changement climatique", précise Janos Bogardi, directeur de l'Institut pour l'environnement et la sécurité humaine de l'université des Nations unies (Bonn, Allemagne).
En plus des archipels peu élevés du Pacifique et du Bangladesh, la montée des mers devrait menacer les grands deltas, comme celui du Mékong et celui du Nil, 70 % de la côte nigériane, ainsi que la plupart des "mégacités" du futur. Sur les 21 villes qui, en 2015, compteront plus de 10 millions
d'habitants, on constate que 16 d'entre elles se situent en zone côtière..
Mais l'augmentation du niveau des océans ne fait pas que rogner les territoires : elle a aussi des effets collatéraux pervers comme la salinisation des terres arables et la pollution des nappes phréatiques qui rendent l'agriculture et la vie même difficiles sur les côtes. Le rapport
du GIEC prévoit notamment une réduction générale des rendements agricoles et une diminution des disponibilités en eau dans certaines zones qui entraîneront des migrations forcées.
Le réchauffement de la planète accentuera également les accidents extrêmes du climat comme les ouragans et les sécheresses. Ainsi, en Chine, le désert de Gobi gagne plus de 10 000 km2 chaque année, un phénomène qui se retrouve aussi au Maroc, en Tunisie et en Libye. Quant à l'exceptionnelle saison cyclonique qui a ravagé le golfe du Mexique en 2005, elle pourrait bien
préfigurer ce que sera la norme du XXIe siècle. Devra-t-on à l'avenir reconstruire La Nouvelle-Orléans tous les dix ans ?
Bien plus au nord, les populations inuits voient chaque jour leur environnement, leurs traditions et leur mode de vie se modifier, en raison du raccourcissement de la saison froide, de la fonte des glaces et du ramollissement du sol (Le Monde du 16 novembre).
M. Bogardi évalue à 25 millions le nombre actuel d'éco-réfugiés pour lesquels n'existe aucun statut juridique et estime qu'il doublera d'ici à 2010. Le spécialiste britannique de l'environnement Norman Myers avance pour 2 050 le chiffre de 150 millions de migrants imputables au réchauffement climatique, soit environ 1,5 % de la population mondiale à cette époque... "Toutes ces estimations sont peu crédibles, extrêmement variables selon les sources, tempère Véronique Lassailly-Jacob. Elles ont un objectif alarmiste : entretenir la peur collective de voir arriver des hordes de réfugiés de l'environnement qui viendront envahir les pays du Nord. Mais on oublie que ces migrations se font en général à l'intérieur du pays d'origine et que les populations, dans un premier temps du moins, mettent en place des stratégies d'adaptation au changement climatique."
Reste que si les Pays-Bas, habitués de longue date à lutter contre la mer, disposent de la technologie et de l'argent pour envisager de futures villes flottantes, ce ne sera sûrement pas le cas du Bangladesh.
Pierre Barthélémy
-------
Références
Trois facteurs expliquent la hausse du niveau des océans, estimée à 5 mm par an en moyenne au XXIe siècle (contre 1,5 mm par an au XXe siècle).
DILATATION : le réchauffement de la planète entraînera une dilatation mécanique de la masse d'eau des océans.
GLACIERS : le recul général des glaciers devrait se poursuivre. Il est aussi prévu que, dans l'hémisphère Nord, la couverture neigeuse et les glaces de mer continuent de diminuer.
CALOTTE GLACIAIRE : au Groenland, elle devrait perdre de sa masse. En revanche, l'Antarctique devrait stocker plus de glace qu'en perdre.
-------
Sur Internet
LES RAPPORTS DU GIEC sont disponibles en français sur le site http://www.ipcc.ch
LE LIVRET Environmental Refugees, The Case for Recognition est téléchargeable sur http://www.neweconomics.org
Selection découverte :
Lumières sur la capitale !« Paris Illumine Paris » propose un parcours découverte d’illuminations modèles sur 12 quartiers pilotes choisis pour illustrer la diversité du paysage parisien grâce à l’emploi de technologies innovantes et d’une création multiforme apportée par les équipes de 7 concepteurs mobilisés sur ce programme http://www.paris.fr/portail/accueil/Portal.lut?page_id=1&document_type_id=4&document_id=15230&portlet_id=14635&multileveldocument_sheet_id=1462
Pour finir, le site nul de la semaine :
http://victorieuseenchrist.noosblog.fr/jesus_t_aime/2005/12/lchez_des_comme_1.html
Tanta gioia a voi in anno fino a venire.
Rédigé par : Cheap Air Jordan For Sale | 25/12/2010 à 07:57
Tanta gioia a voi in anno fino a venire.
Rédigé par : Cheap Air Jordan For Sale | 25/12/2010 à 07:56
Merde, maintenant que tu le dis, je n'ai pas encore photographié de mouche avec mon objectif !!!!
Rédigé par : Cybre le professeur | 04/01/2006 à 01:01
Ah ouais, mais pas de photos de mouches, hein? ;)
Rédigé par : Para le pipède | 03/01/2006 à 22:46
Non, elle n'est pas de moi....
tu la trouveras sur le lien qui suit la photo, ou mieux ici : http://www.paris.fr/portail/viewmultimediadocument?multimediadocument-id=15181
Mais merci tout de même.
je vais en profiter pour faire un catégorie de mes meilleurs photos... tiens, c'est une bonne idée !
Rédigé par : Cybre la star | 03/01/2006 à 15:23
Elle est belle ta photo !
Tu l'as trouvé sur le net ?
C'est une photo perso !
J'aime beaucoup. Je suis toujours à la recherche de superbes images...
T'inquiète, je ne la prendrais pas sans ta permission et te contacterai si je voulais prendre quelque chose chez toi !
A bientôt !
Véronique et BONNE ANNEE 2006 !
Rédigé par : Véronique | 02/01/2006 à 10:19