« Donjon » a dix ans. Pour ceux qui ne connaissent pas (que le grand Khan les désintègre !), Donjon est sans doute la série BD la plus novatrice de la décennie passée. La plus prolixe aussi, avec 32 albums.
Donjon, en fait, c’est très simple. Au début, on trouve Donjon Zénith
(tomes 1 à 6 disponibles), qui raconte l’âge d’or du donjon, cette
bâtisse légendaire qui attire les aventuriers du monde entier, espérant
y occire moult monstres et en rapporter des trésors fabuleux. Il s’agit
en fait d’une entreprise florissante gérée par le Gardien et où
travaillent les deux héros Herbert le canard et Marvin le dragon rouge.
Bon, en fait, ce n’est pas vraiment le début. Avant, il y a Donjon Potron-minet, qui commence au tome -99, racontant la genèse du donjon et le périple du jeune Hyacinthe de Cavallère.
On trouve aussi Donjon Crépuscule, à partir du tome 101, où le donjon est devenu « la forteresse noire » et Herbert, le grand Khan, tyran du monde de Terra Amata. Ajouter Donjon Parade, qui se déroule entre le tome 1 et le tome 2 de Zénith(tout le monde suit ?) et Donjon Monsters, dont les épisodes se situent un peu au hasard des 300 tomes prévus (dont Les Profondeurs, qui se déroule au moment du Donjon Zénith numéro 75, qui devrait sortir, si tout va bien, aux alentours d’octobre 2095).
De l’aveu des auteurs, Donjon est le croisement d’influences aussi diverses que Conan le Barbare, le Muppet Show et Star Wars. En gros, un cocktail de culture geek et d’humour décalé. Lewis Trondheim et Joann Sfar ont profité de leur amitié pour concevoir et développer cette série d’heroic fantasy
à l’architecture complexe, déconnante et magnifique. Dix ans après le
premier album publié aux Editions Delcourt, Donjon est devenue une
hydre de cinq séries entrelacées.
Chemin faisant, les deux compères ont entraîné dix-huit auteurs de BD dans l’aventure : Un par épisode de Monsters (dont Blutch, Blanquet ou Bézian), Manu Larcenet pour Parade, Christophe Blain puis Christophe Gaultier pour Potron-Minet.
Les deux créateurs ont même laissé leur place à d’autres pour le dessin (Trondheim dessinait Zénith, Sfar s’occupait de Crépuscule),
tout en gardant la haute main sur le scénario. Ils ont été chercher,
pour les remplacer, des dessinateurs de la génération blog. Ainsi Boulet (sans doute ce qui se fait de mieux dans les blogs dessinés francophones) a-t-il repris Zénith depuis juin 2006 ; et Obion, qui participe, entre autre, au drolatique Love blog, reprendra Crépuscule en novembre prochain, après deux bons épisodes dessinés par Kerascoët.
Pour célébrer le dixième anniversaire de l’affaire,
quelques auteurs se plieront à l’exercice de la dédicace, puis
Trondheim et Sfar affronteront leur public dans une séance de jeu de
rôles au Café de la danse. Il faudra leur voler un trésor. A disputer
aux (nombreux) connaisseurs.
par Bruno Icher,
Erwan Cario
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