Biocarburants, l’Allemagne freine
Les subventions aux centrales utilisant de l’huile de palme pourraient être supprimées.
Halte
aux biocarburants ! Plusieurs voix se sont élevées ces derniers temps
en Allemagne pour alerter l’opinion sur les effets dévastateurs des
biocarburants pour l’environnement. L’obligation européenne de mélanger
des biocarburants à l’essence traditionnelle est «extrêmement négative» du fait de ses «effets dévastateurs»
sur les forêts tropicales, insiste le prix Nobel 1988 de chimie,
l’Allemand Hartmut Michel, dans une interview au quotidien régional Neue Osnabrücker Zeitung.
Face aux critiques, Berlin envisage de mettre fin aux subventions
accordées par le gouvernement à la consommation de biocarburants tant
qu’un véritable système de surveillance des conditions de leur
production n’aura pas été mis en place.
Les
pays européens se sont engagés à ce que la part des biocarburants
atteigne 5,75 % d’ici à 2010 et 10 % d’ici à 2020. En Allemagne, ce
pourcentage est déjà de 5 % pour le diesel. L’Allemagne, qui s’est
engagée à tourner le dos à l’atome (les 19 centrales nucléaires
doivent fermer d’ici à 2030), est l’un des principaux consommateurs au
monde d’huile de palme. Ce carburant, nettement moins cher que l’huile
de colza (120 euros de moins la tonne), est englouti par une poignée de
centrales électriques ultramodernes. Selon l’Institut pour
l’environnement et l’énergie de Leipzig, 1,3 milliard de kWh sont
produits en Allemagne à partir de l’huile de palme, et les importations
de cette matière première ont doublé depuis 2002. Réputées «propres»,
les centrales fonctionnant à l’huile de palme bénéficient d’importantes
subventions du gouvernement fédéral. Peut-être plus pour longtemps.
Sous la pression des associations de protection de l’environnement, Berlin vient en effet de reconnaître le problème. «Il
n’est bien sûr pas pensable qu’on abatte les forêts tropicales
d’Indonésie pour produire de l’huile de palme qui sera consommée sous
forme d’énergie en Allemagne»,
insiste Sigmar Gabriel, le ministre de l’Environnement. Ce dernier
envisage de supprimer en 2009 les subventions accordées aux centrales
allemandes fonctionnant à l’huile de palme, sauf si elles peuvent
fournir un certificat attestant que le carburant a été produit dans des
conditions écologiques.
«Le plus tôt sera le mieux»,
insiste le Programme des Nations unies pour l’environnement. Le
certificat, qui pourrait voir le jour cette année, prendrait en compte
l’influence de la production sur la forêt tropicale et la diversité des
espèces, ainsi que le bilan en termes d’émissions de CO2 de la
production et du transport de l’huile.
Par NATHALIE VERSIEUX
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