un homme s'immole en plein centre-ville de Chicago. La scène a lieu sous une sculpture contemporaine intitulée Flamme du Millenium. A proximité, une pancarte harangue les passants : "Thou Shalt Not Kill", "Tu ne tueras point". Le cadavre n'est pas immédiatement identifié par la police, mais au sein de la scène musicale locale, on reconnaît Malachi Ritscher, habitué des improvisations de jazz chicagoanes et ardent opposant à la guerre en Irak.

Dans une nécrologie autobiographique, il liste une longue série d'échecs personnels et rappelle son engagement politique et les arrestations policières dont il a fait l'objet lors de manifestations anti-guerre. Malachi Richter souhaite que son "départ soit utile et dise au monde : 'Je m'excuse de ce que nous vous avons fait. J'ai honte des destructions et troubles causés par mon pays.'"
ABSENCE D'IMAGES, MÉDIAS SILENCIEUX
Tandis que les médias américains avaient les yeux rivés sur les élections de mi-mandat, la nouvelle a peu fait réagir, hormis quelques lignes publiées le lendemain dans le Chicago Sun-Times. Les blogueurs s'étonnent du peu d'écho accordé à cet acte de désespoir. Serait-ce à cause de l'absence d'images, devenues aujourd'hui le sésame de tout événement médiatique ? Aux Etats-Unis, tout le monde a en mémoire les violentes images de l'immolation d'un bonze vietnamien à Saïgon en 1963. Dans le cas de Malachi Ritscher, aucun photographe, aucun badaud muni d'un téléphone portable n'ont immortalisé la scène.
Sur la plate-forme Chicago Reader Blogs, Jazzman s'indigne : "Pourquoi cette nouvelle n'est-elle pas traitée en 'une' des journaux nationaux? [Malachi Ritscher] s'est immolé à cause de la guerre en Irak. Ce n'est pas une nouvelle à enterrer dans un petit journal local indépendant." Une connaissance du musicien, Josh H., souligne pour sa part que "le suicide de Ritscher, au-delà de ses problèmes personnels, est un commentaire puissant sur la façon dont la guerre en Irak nous affecte sur un plan personnel et humain".
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