Voici un texte de Claude ALLEGRE... Le texte est bien...
C'est un homme qui a été beaucoup critiqué, mais je le trouve sincère, je suis souvent d'accord avec lui et je pense qu'il mérite plus que ce qu'il a ( quoique je ne sais pas ce qu'il a !!!).
Il fait régulièrement une chronique dans l'Express, je vous conseille de les lire.
Les Tartuffe du Tour
L'hypocrisie est un vice que l'on blâme. Tartuffe est devenu un qualitatif péjoratif, mais que dire alors de l'hypocrisie provocatrice, du mensonge effronté assumé aux yeux de tous? C'est pourtant le spectacle auquel nous assistons actuellement. Comment qualifier autrement l'attitude des organisateurs du Tour de France feignant la surprise devant les condamnations des meilleurs coureurs, impliqués dans un réseau de dopage? Non seulement, bien sûr, ils étaient au courant depuis belle lurette de ces trafics, mais ce sont eux qui les ont, si ce n'est organisés, tout au moins provoqués puis tolérés.
Quelle est, en effet, la première cause du dopage? La difficulté croissante qu'on impose à l'organisme des cyclistes. Les champions du Tour 2006 l'ont bouclé à la même vitesse qu'un vélomoteur: plus de 40 kilomètres par heure de moyenne!Les obstacles sont si nombreux en montagne comme en plaine et la demande de spectacle est devenue tellement prégnante que le Tour obéit à la loi du toujours plus. Résultat: l'organisme des coureurs est au bord de la rupture. S'il n'y avait pas de dopage et si l'on obligeait ces sportifs à réaliser les mêmes performances, il y aurait des morts!
Pour lutter efficacement contre ce fléau, il faut, d'une part, diminuer les difficultés du parcours, d'autre part, accepter, et même exiger, une réduction des performances.Bien sûr, on pourrait dire, comme le faisait ouvertement l'ancien champion Jacques Anquetil, mort trop jeune d'excès de telles substances, que, les coureurs étant des professionnels, le dopage est de leur responsabilité. Avec un certain bon sens, Anquetil confiait: «Jean-Paul Sartre se droguait pour écrire, va-t-on brûler ses livres pour autant?»
L'usage de produits «non naturels» dans le sport heurte l'idée que nous nous en faisons. Nous imposons donc des interdictions de plus en plus «fines». Tous les médicaments ou presque seront, un jour ou l'autre, proscrits. D'où, aussi, la fuite en avant des chimistes qui inventent de nouvelles molécules non détectées parce que tout simplement non détectables.
Nous voici, en quelque sorte, face à la quadrature du cercle, prisonniers d'un sujet de réflexion scientifique et éthique très difficile. Peut-être faudrait-il adopter une position raisonnable et autoriser un certain nombre de produits plutôt qu'être d'une intransigeance absolue, qui pousse à l'emploi de substances nouvelles, de plus en plus dangereuses car non testées.
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