Un texte trés interressant que je partage avec plaisir.
Une semaine très politique Par Pierre-Marie Vidal [mercredi 22 février 2006]
Les propos xénophobes au nom du patriotisme économique, l'effroyable dérapage d'un responsable politique parlant de "sous-hommes" et les déclarations alambiquées dans l'affaire Ilan HALIMI relèvent d'une coupable banalisation.
Il y a quelques semaines un grand P-DG d'une ex-grande entreprise publique devenue depuis ARCELOR évoquait au sujet des auteurs de l'OPA dont fait l'objet son groupe "une société d'Indiens" qui n'était pas "de culture européenne". Notre ministre des Finances lui emboîtait le pas sur un mode à peine plus délicat. Le patriotisme moderne - nouveau concept du président de la République - semblait autoriser un patriotisme économique parfois teinté de xénophobie. Dans l'entreprise française, la discrimination à l'embauche ne frappe donc pas que les moins qualifiés.
Puis vint le monstrueux dérapage de Georges FRÊCHE au sujet des harkis, traités lors d'une cérémonie officielle de " sous-hommes". Une effroyable déclaration suivie d'un effroyable silence quasiment partagé d'un bout à l'autre de la classe politique. François HOLLANDE aphone, Jack LANG sourd, Ségolène ROYAL encore plus discrète qu'à l'accoutumée, le silence du PS reste assourdissant. Responsabilité collective certes, mais du fait de sa position de patron du PS, la lâcheté de François HOLLANDE "plombe" tout le parti.
Quand un grand patron fait, sans complexe, allusion à des critères de culture et d'origine ethnique pour défendre son entreprise, quand un leader politique en exercice peut, sans être sanctionné, emprunter le vocabulaire de l'idéologie raciste à l'origine d'un des pires crimes commis contre l'humanité,comment s'étonner de la banalisation de telles attitudes ?
Autre banalisation coupable. Dans l'affaire Ilan HALIMI, l'antisémitisme supposé des auteurs de
ce crime serait pour le ministre de l'Intérieur "un antisémitisme par amalgame". Une sorte de
racisme non théorisé, issu en quelque sorte de préjugés communs, comme on peut en avoir sur les Bretons, les Auvergnats, les Écossais ou sur les Tziganes, les Noirs, les Arabes, un moindre mal en quelque sorte.
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